PKaB

L'euphorie nous a quittés en 2011. La saison de la remontée fut gâchée par sa 2e partie ratée et stressante. Le bilan à mi-parcours 2011-2012 est heureusement moins négatif, mais il n'est pas enthousiasmant.

C'est ce qu'on appelle une normalisation.
Cela correspond à nos moyens: des infrastructures d'un autre temps à ce niveau, et certains joueurs-cadres qui ne l'ont (le niveau) qu'en surrégime. C'est aussi ce qui fait le charme de l'expérience, tant que l'esprit demeure. 

Un désenchantement ? Certainement pas, après tant d'années de disette: recruter des joueurs en Israël qui s'avèrent de bonnes pioches, a fortiori un ancien de serie A qui conserve la classe et le niveau, vivre le Brest-Sainté ou le Rennes-Brest de ce mois, tout cela reste réjouissant. 

Verbatim: Mech' s'adresse au chef des arbitres après l'embrouille de Brest-Sainté (deux semaines plus tard ce fut l'affaire Chafni...):

«Mieux se connaître pour mieux se comprendre», tel est le credo de ces échanges auxquels nous souscrivons habituellement avec enthousiasme. Nous respectons votre volonté d'ouverture et de transparence menant à une meilleure compréhension de votre travail et de celui des arbitres de haut niveau. Le Stade Brestois 29 a d'ailleurs prouvé lors des saisons précédentes son comportement irréprochable, validé par notre classement au Fair-play nous positionnant à la première place en 2010/2011, à la quatrième en 2009/2010 et de nouveau en tête en 2008/2009. J'ajoute également, preuve de l'excellent état d'esprit régnant au sein de notre club, le comportement irréprochable de nos supporters validé là aussi par notre position récurrente de leader du championnat des tribunes sur les dernières saisons.
Malheureusement, nous avons au Stade Brestois pu constater une fois de plus à nos dépens le fossé existant entre la théorie et la pratique. A plusieurs occasions cette saison, le Stade Brestois a souffert des décisions injustes émanant du corps arbitral. À ce titre, je me permets de vous rappeler le match à Bordeaux avec l'oubli d'un penalty (et d'un carton rouge) puis un but accordé sur un hors-jeu flagrant. La situation ubuesque que nous venons de vivre lors de la dernière rencontre est sans doute la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne reviendrai pas ici sur cet événement que vous connaissez puisque les médias et vous-même en avez fait un large écho. La position habituelle de souligner que l'équilibre est généralement atteint au cours d'une saison nous semble désormais un objectif assez peu réalisable tant il nous paraît que le déficit de points dû aux erreurs d'arbitrage sera bien difficile à combler. Nous l'avons d'ailleurs déjà constaté lors de la précédente saison. En effet, les sanctions rétroactives contre M.Spahic ne nous ont pas profité. Malgré la frustration engendrée à chaud, l'ensemble de la direction du club, du staff et des joueurs ont toujours tenu des propos mesurés respectant ainsi le travail du corps arbitral. Votre venue au sein de notre club survient donc dans un contexte particulier qui ne nous permet pas d'envisager sereinement celle-ci, l'impact de nos échanges passés n'ayant eu aucune application concrète sur le terrain. Le constat est simple, les clubs qui n'ont pas la notoriété d'autres ne sont pas arbitrés de la même manière. Les clubs ne peuvent que subir les erreurs d'arbitrage et encourir des sanctions en cas de remarques ou réactions engendrées par des injustices répétées. C'est une double peine, les arbitres fautifs n'étant manifestement pas soumis au même régime. Ainsi, permettez-moi par la présente de ne pas donner suite à votre sollicitation et de souhaiter le report de votre visite.

Enfin !

Quelques images de ce mois fait de plaies et de bosses: 

Voilà d'une formule l'impression que laisse ce début de saison: 4 matchs (Evian et Lyon à domicile, VA et Nice à l'extérieur), 4 nuls plus ou moins satisfaisants, 4 points... Prenons le dernier: un déplacement difficile à Nice où l'association d'une chaleur fort peu bretonne et de notre bête noire Pentecôte fraîchement débarqué de Toulouse pouvait s'avérer redoutable; l'équipe s'est montrée solide en défense, mais quasi-inoffensive.

Pour entrer dans le détail: bonne première de Zebina qui a fait parler son expérience aux côtés de Paul "the Rock" Baysse, Culma a confirmé ses qualités de chasseur-cueilleur inlassable et rugueux au milieu, et Grougi ses limites dans le rôle majeur de courroie de transmission au sein du 4-4-2 voulu par Dupont qui excède ses capacités à ce niveau; on le verrait mieux épaulé par Licka qui apporterait du physique et de la vitesse; les deux pointes ont reçu peu de ballons; Ben Basat, titularisé en l'absence d'Ayité, a montré de belles choses tandis que Roux, remplacé par Ewolo à 20 minutes de la fin, semblait... frustré et perturbé.

A son propos, la roue devrait à nouveau tourner dans le bon sens: le mercato est clos depuis minuit et il a enfin débloqué son compteur d'un doublé contre Caen (défaite 3-2 en coupe de la ligue; carton rouge après le coup de sifflet final pour Baysse qui sera par conséquent absent lors du périlleux déplacement à Paris...).

A l'heure de la reprise on retiendra du mois qui s'achève les faits suivants:

- les signatures de Ben Basat, Culma et Cappone (seule la doublure est une valeur sûre) à l'ouverture du mercato

- l'annonce du centre de formation à Plougastel

- les prolongations de Ferradj et Lesoimier

- les départs annoncés de Roux et Grougi, le premier à Liverpool ou Schalke04, le second à Caen

- les nocturnes à FLB pour le tournage d'un film (les seigneurs)

et sur le plan général:

- l'arrivée des qataris d'Al Jazeera en Ligue 1 via le PSG et les droits télé

- l'élection de Le Graët à la tête de la FFF

Des images

A six journées du terme, Brest a atteint la barre des 40 points, à 4 points de la 6e place mais aussi de la 18e, c'est-à-dire à équidistance de la relégation et de la coupe d'Europe. Au-delà du plaisir de retrouver l'élite, quel qualificatif sera associé à cette saison, honorable ou exceptionnelle ? Les prochaines journées vont en décider, dont certaines s'annoncent hautes en couleurs (Montpellier, Marseille, Lyon).

En attendant, un contrat a été rempli avec la manière: couler Rennes en rade. Si on ajoute deux matchs solides face à Lens et Paris contre un raté à Sochaux, le bilan est positif en ce mois d'avril qui était plein de périls.

Les images du mois:

et des mots:

Le reporter de RTL en manque pour décrire le but de Nolan qui a frappé comme la foudre.

Steven Le Roy plus lyrique que jamais le lendemain du derby:

Dans un stade plein, chaud comme peu de galettes-saucisses les Brestois ont logiquement battu le voisin rennais, 2-0, grâce au retour du messie et à un petit supplément d'âme. Brest aime l'irréel.

On a beau dire, faire, triturer le problème dans tous les sens et poser l'équation qui change le plomb en or, un Brest-Châteauroux en entier sous la pluie ne vaudra jamais cinq minutes d'un Brest-Rennes sous le soleil. Ainsi va la nature humaine du supporter de football, qu'il soit fervent ou austère qui se marre: à l'approche des grands matchs où se mélangent l'odeur des derbies et les effluves du haut niveau, l'ambiance se colore de cette attente fiévreuse et de cette mystique indicible qui nimbent les abords des stades, certains soirs seulement. C'est ainsi qu'à l'heure où le soleil rase le bitume de la route de Quimper, le mélange des rouge et noir du bout de la RN 12 et des rouge et blanc de l'autre bout de la route coule comme une rivière bretonne au printemps, à l'intérieur du vieux Francis-Le Blé. Dedans, claquent déjà des «gwen ha ruz» déversés par milliers pour rappeler que Brest la Rouge n'a jamais fait les choses comme à la capitale. 

Les chefs d'oeuvre populaires 

Après, bien sûr, le ballon roule dans une ambiance presque surnaturelle, entre les pieds des Noirs de l'Est breton, accueillis par un moqueur «Bienvenue en BZH» par des Ti'zefs frondeurs et volontiers taquins. Ce qui n'est pas une nouveauté. Ce qui n'est pas une nouveauté non plus mais un émerveillement permanent est le culot de l'idole du peuple blanc qui allume une magie artificière de 30 bons mètres, qui lève un stade en une micro-seconde et couche le gardien rennais dans le même moment... Noooolan Roux est de retour, marchant sur l'eau. Un bon signe, veut-on croire, quand les ombres de la descente lèchent les voûtes plantaires d'une pleïade d'équipes. Mais là n'est pas le sujet du soir, aussi bizarre que cela paraisse. Le sujet du soir se fond dans la splendeur du second but Grougi-Lesoimier, acclamé par des «ici, c'est Brest!» rageurs et malpolis, scandés comme la revanche inconsciente de l'ouvrière d'ici sur la bourgeoise de là-bas. Qui pourrait prétendre le contraire? 

On cause plaisir 

Après, bien sûr, le bonheur se touche du doigt. L'impalpable se palpe comme pour exorciser toutes ces saisons en enfer où le voisin géant draînait des cars de tout le Finistère quand Noisy-le-Sec venait faire la pige en Ponant. Une sale époque purgée jusqu'à la lie, hier soir. Il sera grand temps de parler maintien et autres tourments de statisticien un autre jour. Là, on cause plaisir, c'est déjà beaucoup plus important.